LE VIEUX FAUNE
J’aimais dans les allées du parc, comme un fantôme
Ecouter le flûteau assourdi du vieux faune
Nous nous étions croisés, c’était un mercredi
Et ses yeux de statue semblaient me dire « Oui
Oui, la nuit je suis dieu, je délaisse le tronc
Sur lequel je m’appuie depuis deux cents années
J’entrevois Diane au bois, son genou, son talon,
Apollon qui la suit et Vénus étonnée
Un peu de vert-de-gris déguise ma cuirasse
Nous dansons quelquefois quand la lune étincelle
Et que le vent murmure une chanson salace
Qui fait rire Bacchus assis sur la margelle »
Hélas, je n’ai surpris que la pierre endormie
Irrémédiablement
murée dans son silence
Mais je crois le vieux faune a la flûte assourdie
Dont le regard me parle de toutes les absences
LORRAINE