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Eclats de Paroles
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7 novembre 2004

Première page de JUSQU’AU DERNIER DE MES JOURS J.Harpam

La consigne était d'imaginer la première page de ce roman

 

Depuis quatre mois déjà sa mère reposait dans les brumes de l'éternité. Sa tombe toujours fleurie avouait les sentiments de ceux qui restaient solitaires

          Odile avait effacé de la maison les souvenirs les plus douloureux. Restait le grenier où les traces de la présence maternelle étaient moins voyantes. Il était temps pour sa fille de régler aussi ce problème.

           La porte de la vieille armoire grinça de réprobation. Les photos  se détachaient des albums et glissaient sur la table comme si elles voulaient s'envoler pour rejoindre le passé si précieux.

          Des lettres bien rangées, enrubannées attendaient sagement qu'une main aimée les éparpillent. Elles gardaient précieusement leur mystère au creux du tiroir. Elles  refusaient d'être violées par des regards fureteurs ou indifférents. Elles n'acceptaient d'être lues que par une seule âme. L'écriture difficile à décrypter sauvegardait le trésor des mots qui n'avaient de prix que pour l'élue. 

           Pourtant Odile d'une main impatiente fourragea parmi elles  dévoilant les sentiments et la poésie de mots tendres. Scandalisée par ce qu'elle entrevoyait elle détourna la tête. Ce n'était pas l'écriture de son père.  La curiosité la tenailla. Par respect pour la défunte elle résista. Refusa de savoir ce que cet homme avait écrit.. .Une lettre c'est une confidence qu'on ne peut partager. Pourquoi sa mère ne les avait-elle pas détruites ?. Avaient-elles tellement de valeur  qu'elle avait pris le risque de les voir tomber dans les mains d'autrui ?. Et si son père les avait trouvées ? Son chagrin ne comptait-il pas ?

          Aussi loin qu'elle se souvenait ses parents avaient vécu une existence tranquille, sans heurt. Sans passion peut être mais dans une profonde complicité. Pendant ce temps au grenier  les lettres , dépositaires d'un lourd secret, couvaient des ardeurs qui ferait couler des larmes amères. Combien de fois était-elle montée en catimini pour les relire et se réchauffer à leur flamme ?.

         Odile hésita un instant. Puis, résolument les jeta l'une après l'autre dans le  feu  purificateur. Celui-ci bondit de joie comme si tous les sentiments humains réunis l'alimentaient et le comblaient. Les étincelles se firent hautes, éloquentes. Les crépitements éclataient dans les tons suraigus d'une diva en folie.

        Longtemps  la jeune femme resta rêveuse devant le petit tas de cendre résumant la passion, l'amour… tout ce qu'elle ne connaissait pas. Pas encore ajouta-t-elle.

         Le drame c'est qu'elle avait trente ans. Qu'elle se sentait laide et non désirable alors que sa mère avait été belle, joyeuse  et tant aimée.

        Elle n'oublierait jamais ces instants. Cette vision des flammes qui dansaient la mort  des  merveilleux sentiments la hanterait jusqu'à la fin de sa vie. Avait-elle eu tort ou raison de ne rien vouloir connaître de cette liaison ? Y avait-il eu réellement une liaison ? Ces lettres auraient-elles pu contenir d'autres élans que ceux de l'amour ? Le remords de ne pas avoir percé ce mystère creusa son nid dans son esprit et la rongea.  La jalousie de n'être pas l'aimée à qui s'adressait tant de lettres si belles que même le feu chantait ses louanges, s'insinua jusqu'au plus profond de son être.

        Le jour où la  désillusion et le chagrin devinrent trop lourd à supporter elle se confia à son père  En écoutant les tourments de sa fille, il pleura.. Odile se méprisa d'avoir causé tant de souffrances mais elle n'en pouvait plus. Ce secret  la blessait.

       Alors son père la fit asseoir tout près de son cœur et dévoila la vérit酠

                                                                                                                         Jeanine

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Commentaires
M
Un bien beau texte et des sentiments très justes. Une fin ouverte qui laisse en attente. Tu l'écris quand, ce roman, Jeanine ?
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