la vieille qui marchait dans la mer
La vieille qui marchait dans la mer, tous les jours entre 11h et midi et demi m'était devenue un personnage familier.
Au départ, c'était un point de repère .
Tiens ! elle était déjà là hier, et avant-hier aussi, toujours à la même heure , à marée haute .
Le va et vient appliqué, quoique nonchalant, d'un brise-lame à l'autre ne variait pas .
Toujours le même chapeau blanc, genre chapeau ciré de pêcheur, bord relevé devant et abaissé derrière pour protéger la nuque.
Toujours les mêmes lunettes solaires .
La robe ou la longue jupe relevée jusqu'à mi-cuisses, elle pélérinait à pas comptés.
Peu à peu, l'observer de loin ne me suffisait plus.
Pour mieux la voir, je pris l'habitude de prendre l'apéritif à la terrasse près de la plage .
Je restais là, attentif a la regarder, jusqu'au moment où elle quittait le bord de mer qui, tout à coup, n'avait plus aucun intérêt pour moi.
Mon séjour allait sur la fin sans que la lassitude ne m'atteigne.
L'importance de cette femme âgée ne cessait de grandir dans mon imagination.
Par moments, je me demandais comment cela allait se terminer, puisque tout a une fin
J'ai prolongé mon temps de vacances, conscient des risques que cela entraînait pour ma vie active .
Peu importait puisque j'avais abordé, sans la savoir, une sorte de vie contemplative .
Marie 26/11/04