JEUNE PRINTEMPS
JEUNE PRINTEMPS
Peu à peu, nous allons vers le vrai printemps. Je sais bien qu’il nous guette quelque part au tournant d’un chemin, quand une bouffée d’air tiède ou le chant d’un oiseau nous saisira d’une soudaine émotion. Oh ! ces promesses, cette joie, comme je les attends !
Je suis sortie ce soir, il faisait presque doux ; des enfants dans la rue entamaient une partie de cache-cache. J’ai revu tout à coup le temps où je faisais comme eux, les vieilles maisons aux couloirs sombres, la peur délicieuse, entre chien-et-loup, quand un garçon courait un poussant des cris, disloquant la ronde des fillettes sages. Puis le froid revenu dans le soir, et mes mains d’enfant, avides d’amour, jointes vers la nuit et ses parfums tendres.
Souvenirs du printemps, comme vous êtes fidèles ! Vous me revenez, doux et acides, et avec vous je revis mon enfance, ses puériles magies, ses espoirs démesurés, ses longs émerveillements. Mais l’allégresse qui m’emporte ce soir n’a pas d’âge. Elle m’est venue à cause de l’air tiède et de la terre odorante. Ainsi, irrésistiblement, parce que j’aime vivre, j’ai sombré dans le printemps. C’est une façon très douce d’être heureuse.
M.E.