33 RUE DU BLOG ( 52 )

Ce week-end, je tentais un retour aux sources dans un monastère bénédictin quand une amie m'a gentiment suggéré de consulter une voyante. Me dire celà à moi, un hermétique à toute croyance, il fallait y penser ! Pourtant, ... pourtant, l'idée fait son chemin et finit par m'amuser. Alors, ce soir, la croisant dans le hall, j'ai plongé dans le regard d'Amélie, l'extralucide du second. Très psy, ( elle doit poser un diagnostic en un clin d'oeil ) elle me proposer de venir la voir.

Diable!, mon cas doit être préoccupant! et je ne me fais pas prier.

- " Vous prendrez bien quelque chose? " Me dit-elle en entrant chez elle.

- " Euh, ... oui, bien volontiers. " Elle ouvre un petit bar en acajou. Il s'illumine : tout est prèt! Et elle disparait. Une musique douce et envoûtante s'infiltre dans le salon.... Une plage ou un disque plus tard, la revoilà, méconnaissable, le regard amaretto encore plus fascinant. Fascinant comme sa danse ponctuée par la chute, un à un, des voiles de sa beauté irréprochable. Autant de tarots planant jusqu'à ses escarpins qu'elle a gardés. Ah, j'allais oublier la petite chaînette qui pendule à son cou avec ce christ désemparé. Il tourne la tête de gauche à droite et de droite à gauche, les yeux écarquillés, ne sachant plus à quel sein se vouer. Il plonge vers le premier qu'il voit se rapprocher à en loucher. Pour, au dernier moment se sentir tirailler en arrière vers le second qui n'a rien à lui envier! A chaque oscillation frustrante, nos regards se croisent et je le prends en pitié. Il tire sur les brins de sa chaînette comme le parachutiste suspendu au clocher de Sainte Mère l'Eglise. Il tire, il tire sur les suspentes, car lui, le christ, il voudrait bien voir s'éterniser le jour le plus long. Je suis subjugué à tel point que je me lâche et que je veuille apporter ma contribution à cette vision. Alors, je m'humecte le bout des doigts et roule la toison de la belle Amélie en deux spirales souriantes, répliques fidèles des moustaches de Salvador Dali.    Le tableau est parfait !

La sofa n'est pas bien haut et j'en tombe à genoux. Amélie, notons-le en passant, se penche encore et s'épanche. ... Et le rêve se fait délicieuse réalité. Quel talent et quel métier ! Je m'abime en dévôtions avec une ferveur que je ne me connaissais pas. Mon inconscient se dévoue et vient à ma rescousse. Clin d'oeil complice, car nous ne sommes pas trop de deux pour assouvir les appétits de la belle Amélie. Et comme chaque fois, nous nous entendons à merveille dans ce genre de ménage à trois.

Maintenant, la voyance: je suis gourmand d'elle, friand dis-je ! Rien ne peut plus m'arrêter. J'ai la pêche et le punch au zénith.

Impeccable, ... demain, je revois Aldo.

A nous deux!

Angelo  Claudio.