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Eclats de Paroles
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28 juin 2005

33, rue du Blog (110)

Evidemment, il est arrivé de qui devait arriver ! Nous sommes tous restés pétrifiés dans la cour du 33 pendant qu’Aurore basculait dans le vide dans un grand cri. Un de plus et un de trop. Heureusement, Aurélien, excédé par ses hululements, venait de sortir de chez Alex et Adelin. Il a eu juste le temps de la rattraper par les chevilles. Mais la malheureuse pendait dans le vide, la jupe élégamment retournée comme une corolle dévoilant une seyante petite culotte en dentelle.

Xavier Lenoir a été fort logiquement le premier à sortir de sa stupeur et à prendre les choses en main :

-         Appelez les pompiers, a-t-il ordonné. Ne paniquez pas, Madame Van Avermaet, j’arrive !

-         PAS LES POMPIERS, a rugit un Aurélien empourpré on ne savait trop si c‘était par l’effort ou par la colère. Et vous, vous tenez vos sales pattes loin de ma femme !

-         Mais elle est en danger… a tenté d’objecter le représentant de l’ordre.

-         JUSTEMENT, a hurlé le furieux, c’est MA femme et je fais ce que JE veux !

Curieusement, on n’entendait plus Aurore un peu assommée par sa mésaventure. Petit à petit, les habitants du 33 ont repris leurs esprits les uns après les autres, à commencer par Alex et Adelin qui, pas rancuniers, ont prodigué leurs conseils à la victime :

-         Surtout ne bougez pas, disait l’un.

-         Au contraire, adoptez un mouvement de balancier pour attraper la rambarde du balcon, coupait l’autre.

Dans la cour, Angélique s’est vivement retournée vers Véro en la suppliant :

-         Va chercher son fils !

-         Mais il est à l’hôpital a répondu la tenancière du 23 d’une voix blanche.

-         Quoi ?! a éructé Aurore qui avait fini par se cramponner  à la gouttière qui passait fort opportunément par là. Il est arrivé malheur à mon fils unique ! C’est de votre faute, je le savais et je…

Elle fut interrompue par son mari qui lui tordait une cheville. Pour éviter de la laisser tomber dira-t-il plus tard. Mais plutôt  pour la faire taire, ont pensé plusieurs spectateurs de la scène.

-         Mais non, l’a rassurée Véro. Souvenez-vous, il avait rendez-vous chez le médecin-conseil de l’assurance. Rien de plus.

-         Allez plutôt chercher le Père Boniface, m’a suggéré Annabelle. Lui seul peut les calmer tous les deux.

Je m’imaginais déjà la tête du bon père quand le salut d’Aurore est venu de là où on ne l’attendait pas. Ali, que tout le monde avait un peu oublié, a amené contre la façade une grande échelle qui devait servir à accrocher les lampions pour la fête de PACS d’Alex et Adelin. Il s’est hissé à son sommet comme un chat, a empoigné énergiquement Aurore désormais en larmes et est redescendu en la portant sur son dos comme un vulgaire sac de farine. Inutile de préciser qu’Amanda ne se tenait plus d’aise (bien qu’elle eût préféré qu’il vole ainsi à la rescousse d’un homme plutôt que d’une femme qui montrait ses dessous en public).

Tout était bien qui finissait bien malgré les larmes de terreur d’Aurore, les larmes de fierté d’Amanda et les larmes de stress de la pauvre Agathe qui ne se sentait pas trop bien après tant d’émotions. Angélique, qui n’a pas sa pareille pour désamorcer les situations de crise, a proposé une répétition générale sous la pergola prévue pour le PACS et a envoyé Véro chercher de quoi abreuver tout ce petit monde. Sauf évidemment Agathe qui est montée se coucher, non sans avoir promis de m’appeler sur mon GSM en cas de problème. Au milieu de la soirée, mon portable a effectivement vibré. Mais ce n’était pas ma colocataire. C’était un message de son frère qui me disait : « J’arrive. Pas un mot à Agathe et aux habitants du 33. »

Armelle

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