33, rue du Blog (113)

Vivement les vacances, que je puisse un peu me reposer de toutes les émotions qui se succèdent à un rythme d’enfer au 33… au fait, ne serait-il pas grand temps qu’Agathe fasse quelques achats pour son bébé ? Mais avec quel argent ? Le mien évidemment… Bon, j’essaierai de prendre congé vendredi après-midi pour une petite séance de shopping entre filles. Cela me permettra également de m’acheter une tenue appropriée au PACS de samedi. Et si je ne peux pas me libérer, je ferai mes courses pendant l’heure de table et le baby Coutelier attendra lundi.

A vrai dire, je suis un peu anxieuse à l’idée de ce PACS qui réunira tous les habitants du 33, ou presque. Les Van Avermaet sont manifestement l’un et l’autre au bord de la crise de nerfs. Seront-ils en état de se joindre à nous ? Et leur fils, sera-t-il là et se fera-t-il accompagner par Anaïs, une fille vraiment sympa ? Je suppose qu’Albert et sa Dulcinée ne manqueront ce rendez-vous pour rien au monde. Il faudra que je mette Agathe en garde contre ce vil séducteur. Pourvu en tout cas qu’Amélie ne se lance pas dans des prédictions apparemment funestes ces derniers temps. Et qu’Amanda arrête d’embrasser son Ali à pleine bouche devant tout le monde. Je trouve qu’en la circonstance, c’est un peu déplacé. Et puis, cet Ali, il a beau avoir sorti Aurore d’un mauvais pas, sa tête ne me revient pas. Pas plus tard que ce matin, à la boîte aux lettres, je l’ai surpris en pleine conversation avec Alex et je suis formelle, il essayait de l’embobiner pour qu’il l’introduise dans leur appartement. Pourquoi, je vous demande un peu ?! En tout cas, j’espère qu’Amb… Adrien sera là. Il me manque de plus en plus et l’état de sa sœur commence à m’inquiéter. Pour Lenoir, on ne se pose même pas la question… Tiens, on sonne… Et quand on parle du loup en on voit la queue… Quoi ? Mademoiselle Duflanc ? Y a jamais eu de Mademoiselle Duflanc ici !.. Si ? Agathe ? C’est Cou-te-lier. Agathe Coutelier ! Alias Duflanc ? Qu’est-ce que vous me chantez là ?

Et voilà Xavier Lenoir qui m’écarte sans guère de ménagement. Qui bouscule mon philodendron monstera, qui jette un regard inquisiteur à la ronde, avant d’aviser Agathe à moitié allongée sur le canapé du salon. La jeune fille s’est un peu redressée au bruit de notre conversation. Il se précipite vers elle, lui saisit une main qu’il baise avec délicatesse et lui sussure avec déférence : « Mademoiselle Duflanc, c’est un grand honneur. Et une immense contrariété de vous voir ainsi hébergée dans une si étrange résidence, mêlée à de si regrettables événements. Votre état vous permet-il de m’accorder un entretien de quelques minutes à propos de qui vous savez ? »

Mais enfin, quand est-ce que quelqu’un va se décider à m’expliquer ce qui se passe dans cette baraque ?

Armelle