MONOLOGUE DU TRAIN
(La consigne de l’Atelier d’Ecriture consistait à expliquer l’état d’esprit d’un voyageur régulier des chemins de fer ne supportant pas le bruit. Texte court et personnalisé)
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Je dormirais volontiers un brin, bercée par le doux balancement des wagons si mon voisin de droite ne lançait à haute voix à mon voisin de gauche (donc, par-dessus ma tête) : « T’as vu la mémère qui voudrait roupiller ?... » tout en me donnant une taloche amicale dans le dos.
Et le voisin de gauche de rétorquer : « Alors, une berceuse ?... » ; Et tous les deux, en chœur, d’entamer :
« Fais dodo, Colas mon p’tit frère.. ».
Ben, ils ont 15 ans, moi 67. Les autres ? Il y a celui qui n’arrête pas de parler de restructuration, il profère des menaces syndicalistes et quand tout va bien, les copains enchaînent. Ca devient une manif assise, Encore un peu et ils entonnent : « Trois pas en arrière, trois pas en avant… ». Ce n’est plus un train, c’est la rue de la Loi !
Pour de la vie, il y en a, car même la gardien du train opine. Vous croyez qu’il demande un peu de silence ? Pensez-vous ! Il écoute d’abord, il participe ensuite. Elle en prend pour son grade, la direction des chemins de fer. Et le Ministre de la Mobilité. Je voudrais bien lire un feuilleton de Delly que j’ai retrouvé dans le grenier. Impossible !
Vous savez quoi ? Les Chemins de fer devraient offrir des Boules Quiès à l’entrée.
LORRAINE