STRIDENCE!... (Consigne)
(A l'Atelier d'Ecriture, chaque participante devait inscrire sur une
feuille 5 choses qu’elle déteste vraiment. Puis elle passait la
feuille à sa voisine. Celle-ci choisissait ce qu’elle détestait
le plus et écrivait un texte comme si, au contraire, elle adorait
.
Dans les cinq mots , je suis tombée sur le bruit . J’ai donc feint de l'adorer...)
Ils gueulent, tous. Debout sur
l’estrade, devant la foule hypnotisée qui gueule aussi, les
musiciens s’exorbitent. J’adore. Leur stridence m’emporte
aux nues. Mes tripes se spasment de jouissance, plus ils
m’assourdissent, plus j’aime. Le délire du boucan me
fascine toujours. Je m’y plonge, j’en sors sourde et
comblée, je m’éponge parce que je transpire d’aise, je me
raccroche à mon voisin qui sue à grosses gouttes et dont la bouche
ouverte clame : »Ah ! ah ! ah ! oh ! oh ! oh ! » comme les cinq cent
mille personnes rassemblées.
On tape des
pieds, on claque des mains, c’est fraternel; un corps à
corps engendré par les décibels multipliés par les
hauts-parleurs, portés sur les ailes du vent, empêche tout
le voisinage de dormir, mais quelle euphorie, quel amalgame
de bonheur et de communion avec l’humain ! Nous tressaillons
d’une joie partagée, nous vacillons, nous nous écroulons
sur la prairie, rien ne pourra jamais atteindre ce sommet,
cette révélation que le bruit, c’est l’ivresse totale,
disons le mot : l’extase ! »
LORRAINE