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Eclats de Paroles
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13 mai 2005

33 RUE DU BLOG (25)

Quelqu'un a frappé à ma porte.

Dans le Judas, j'ai vu que c'était Ange. J'ai failli ne pas ouvrir. Il a frappé plus fort et d'une voix qui a dû s'entendre dans toute la cage d'escalier, il a tonné : ouvrez ! Je sais que vous êtes là !

J'ai dû me résoudre à le laisser entrer. Il avait ce terrible regard froid de l'homme déterminé, ce regard auquel il est difficile de résister, ce regard qu'il eût lorsqu'il flingua Sergio.

- "Alors M. Farinetti : on se plaît au 33 rue du blog ?" Ironisa-t-il avec un sourire sarcastique.

- "L'immeuble est agréable ne trouvez-vous pas ? Et toutes ces dames sont charmantes..." répondis-je sur un air badin.

- "allons M. Farinetti ! Ne perdons pas inutilement notre temps. Nous savons parfaitement qui nous sommes vous et moi. Vous connaissez ma détermination et ma capacité d'action".

- "je ne vois pas très bien ce que vous voulez dire M. Angelo".

- "mais si M. Farinetti vous savez très bien ce que je veux dire. Vous savez TRÈS BIEN qui est Madame Amanda ; vous savez TRÈS BIEN ce qui s'est passé à Corleone... "

Et en disant cela il pointait son doigt sous mon nez, comme jadis il avait pointé son revolver.

Et après une pause il ajouta :

- "dès lors, M. Farinetti, vous savez TRÈS BIEN ce que je viens faire à cet instant".

C'est alors que l'on frappe à nouveau à ma porte. j'ouvris aussitôt, trop heureux de ne plus me retrouver seul avec Ange. C'était la concierge qui montait le courrier et je saisis l'occasion pour lui proposer un verre de Cynar : ce délicieux apéritif italien à base d'artichauts, qui nécessitait de sortir des cubes de glace et de l'eau gazeuse. Je savais que la bignole ne crachait pas sur les apéros. Elle ne se fit pas priée pour s'asseoir et engager la conversation avec Ange, qui dut se donner une contenance, d'autant qu'elle commença à s'apitoyer sur mon sort et mon cambriolage récent. J'abondais dans son sens, et pour la première fois elle me parut sympathique avec ses incessants bavardages. Ange me fusillait du regard, tandis que je resservais la pipelette d'une rasade de Cynar.

- "c'est pas de tout ça, mais il faut que je continue ma distribution", finit-elle par déclarer.

- "allons allons Madame Angélique, on n'a qu'une vie !", rétorquais-je, en lui versant une troisième rasade, ainsi qu'à Ange, qui devant une femme n'osait pas refuser, alors que je savais qu'il supportait difficilement l'alcool. Saoulé autant par le Cynar que par le verbiage incessant de la concierge, Ange et celle-ci finirent par quitter mon appartement, bras dessus, bras dessous.

Je poussai un soupir de soulagement. Je ne m'étais pas attendu à cette visite d'Ange. Il me fallait prévenir Amanda, car j'avais parfaitement compris qu'il avait découvert la vie dissolue d'Amanda et qu'il ne pouvait supporter qu'elle s'envoie en l'air avec tant d'hommes, moi compris. Elle ne voulait plus être Adeline, la petite italienne si sage qui pleurait son fiancé assassiné. Mais Angelo, cet homme qui se croyait maître de la destinée de toutes les femmes de Corleone, ne pouvait l'entendre ainsi. Il nourrissait au coeur cet amour impossible pour sa cousine Adeline. Cet amour irréalisable et il avait donc décidé qu'aucun homme ne posséderait cette femme. Il était allé jusqu'à assassiner son fiancé. Lorsqu'elle avait disparue, lorsqu'elle s'était enfuie, il n'eut de cesse de la retrouver.

Ce qui venait de se produire. Je devais tout faire désormais pour protéger Amanda.

Aldo

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