LE ROSSIGNOL ET LE VERGER
(Dans une douzaine de mots sans lien apparent, nous devions en
choisir deux et construire une courte phrase sur un feuillet que l’on
passait à sa voisine. Chacune alors devait développer la
phrase, laquelle commencerait nécessairement le texte dans lequel on
intégrait aussi les autres mots proposé. Ce qui donnerait, on s’en
doute, un récit quelque peu farfelu ! »)
« Rossignol, raconte l’origine du verger. » ! Le chat du
curé convoite une place tiède et féline dans le berceau en osier.
Un vent fugitif arrive de la mer et balance la jupe rouge de la jeune
fermière.
D’où vient le verger ? Je vais tenter de vous répondre. Les parents de
ses parents ont planté la première pomme, un arbre a pointé ses
bourgeons. Je suis rossignol, pas campagnard ! Il me sera
donc difficile d’aller plus avant dans l’histoire du verger. Mais
je suppose qu’ils ont aussi enterré un noyau de prune, de cerise, et
que sais-je encore ?
C’est aimable de m’interroger sur la vie agricole mais je suis
un chantre, un seigneur de la nuit et si vous me parlez de sons flûtés,
rogues, de trilles, d’arrondis de voix, je serai intarissable . Eve
aurait pu vous en dire davantage. Depuis le moment où elle laça
son premier vertugadin, il en a poussé, des pommiers ! A bien y
réfléchir, ne serait-elle pas la patronne des cultivateurs, de toute
cette faune humaine qui se consacre à la terre tandis que je me dévoue
pour les cieux ?
Désolé de vous être si peu utile, boy. J’aperçois le curé qui
caresse son chat. Demandez-lui. Ce saint homme en sait
peut-être davantage. Il croque justement une pomme.
LORRAINE