DEPRIME?
Ce
morne matin de mai pèse comme une chape sur mon éveil. La
pluie? Le vent? Quelle lassitude morale me paralyse?
Déprime? Je refuse. Je refuse mais je suis bel et bien
engluée d'une vague tristesse, comme nous en connaissons quelquefois
sans en connaître vraiment la cause.
C'est
insidieux et trotte-menu. Cela submerge sans qu'on s'y
attende. Et me voilà prête à retourner en arrière, vers les
souvenirs amers, ceux qu'on a soigneusement enfouis et qui guettent le
moment de faiblesse pour repointer du nez. Tout à coup, j'ai une
immense mémoire, la mauvaise, celle qui rappelle le regret d'un amour
qui passe, le chagrin d'une amitié perdue, le poids de la solitude, la
lettre jamais reçue, ou plus largement la "difficulté d'être". Un
remède? Y en a-t-il? J'en connais un, un seul:
l'effort inconcevable de m'extirper du lit et d'y parvenir. Bien sûr,
je vacille, bien sûr, ça tourne un peu, mais je suis debout.
Debout, les ennuis prennent une autre dimension. Oh non! ils ne
disparaissent pas. Il faudra que je les traîne malgré moi, mais
au moins je vois les choses d'un peu plus haut. Mes mains
agissent machinalement, mes yeux dans le miroir reprochent: "Quelle
tête tu as!", la journée sera boiteuse mais j'arriverai au bout.
Et demain est un autre jour! Ce mot de Scarlett O'Hara
dans "Autant en emporte le vent" a toute sa raison d'être.
Allez, on y va! Et pour me récompenser, je m'offre une fleur.
LORRAINE