LA CONCIERGE EST A L'OPERA
(la
première phrase de la consigne était imposée. Ensuite, vogue la
galère ! A nous de raconter une histoire où le hasard a son mot à dire)
J’avais oublié mes clefs chez moi sur la table. Ma femme était
aux chutes du Zambèze. Je me trouvais idiot devant la porte
fermée quand soudain je me dis : « La concierge doit avoir un double ».
Je dégringolai les escaliers et frappai fort sur le carreau de la loge.
- J’arrive, répondit une voix chantante
J’étais énervé. « Dépêchez-vous, s’il vous plait, je suis pressé ».
J’étais surtout anxieux. Pourrait-on ouvrir ma porte ?
Devrais-je appeler un serrurier ? A cette heure-ci, ce serait
difficile. La fillette qui sortit de la loge ne me connaissait
pas. Moi non plus.
- Qu’est-ce que vous voulez ? dit-elle, boudeuse.
- Où est ta maman ?
- Partie. A l’opéra avec son ami. Moi, je la
remplace. Mais les clefs, je sais pas où elle les met.
On chercha tous les deux. Rien. Finalement, hors de
moi, je décidai d’aller dormir à l’hôtel. J’avais perdu assez de
temps, une demi-heure sans aucun doute. Une demi-heure qui a
suffi pour que j’arrive au carrefour en même temps que la camionnette
conduite par ce fou de Gérard. Il ne m’a pas raté.
Je suis à l’hôpital, la jambe surélevée par un levier, la tête
enturbannée, des tuyaux partout. Gérard vient me voir.
C’est gentil de sa part parce qu’il paraît que j’ai tous les torts.
Ah oui ! ma femme m’a écrit que je ne devais pas
l’attendre. Elle a rencontré aux chutes du Zambèze un de nos
voisins, absolument charmant, plein de fric qu’il a gagné à la loterie.
Qui a dit que le hasard n’existe pas ?
LORRAINE